Nous ne rentrerons pas ici dans le détail des plans d'action en cas de catastrophe. Il s'agit plutôt de voir un aspect particulier du rôle du secouriste et notamment des secouristes associatifs. Nous distinguerons juste deux types d'événements exceptionnels : les Accidents Catastrophiques à Effet Limité (ACEL) et les Catastrophes majeures (le plus souvent d'origines météorologiques). Les associations et en particulier la Croix-Rouge française (CRF) et la Fédération Française de Protection Civile (FNPC) peuvent intervenir, à la demande des pouvoirs publics et s'intégrer pleinement dans la chaîne médicale des secours. En théorie L'engagement des personnels secouristes associatifs peut se faire à tous les niveaux de la chaîne médicale des secours, à savoir :
le relevage et le brancardage à "l'avant" (sur le lieu même de l'accident)
participer à la prise en charge des victimes en zone de tri (endroit ou les médecins orientent les blessés en fonction de l'apparente gravité de leurs blessures)
participer à la prise en charge des victimes en zone de soins
assurer les évacuations vers des structures "arrières " (Centre Médical d'Evacuation ou Centre hospitalier)
Les différents textes régissant le secours en situation d'exception, la formation des secouristes (leurs diplômes) et les moyens dont ils disposent, autorisent et prévoient leur participation dans l'organisation des secours.
En pratique, la participation des secouristes lors d'Accidents Catastrophiques à Effets Limités semble néanmoins difficile et ce pour deux raisons :
d'une part les délais d'intervention des secouristes associatifs sont très aléatoires et le plus souvent, incompatibles avec les impératifs de la médecine d'urgence. En effet même si les associations ont des protocoles de déclenchement de l'alerte efficace et rapide (plan d'action) ils sont rarement opérationnels suffisamment rapidement pour intervenir directement sur l'accident.
D'autre part, le secourisme de l'avant nécessite pratiquement toujours la mise en ouvre de techniques particulières peu ou pas connues des secouristes associatifs bénévoles (déblaiement, désincarcération, tronçonnage, médicalisation sur place etc.)
Les associatifs sont donc plus fréquemment mobilisés sur des événements de type catastrophe majeure.
Néanmoins, même si la structure des associations bénévoles, ne leurs permet pas l'engagement de personnel au début de la chaîne des secours, les secouristes ont un rôle réel à jouer sur plusieurs plans :
Participation partielle ou totale à l'évacuation des victimes
En général lorsque les secours disposent de moyens d'évacuation associatifs, ils les chargent de transporter les victimes vers les Centres Hospitaliers (on appelle le circuit qu'empruntent les véhicules une noria). Cela permet aux véhicules de secours de regagner au plus vite leurs centres de secours pour assurer leurs missions habituelles. Ne pas utiliser les véhicules des associations et mobiliser inutilement les véhicules des sapeurs pompiers n'étant pas raisonnable.
Remplacement des moyens de service public engagés
Lorsque de nombreux moyens du SDIS (Service Départemental d'Incendie et de Secours) sont engagés, les véhicules de secours associatifs peuvent partiellement palier à la pénurie de moyens de secours créé par cette mobilisation exceptionnelle. C'est notamment pour cette raison que la Brigade des Sapeurs-pompiers de Paris accueille des véhicules de la CRF et de la FNPC tout au long de l'année. Les équipiers associatifs, rompus aux procédures et aux méthodes des pompiers peuvent à tout moment compléter efficacement la BSPP. Cette pratique reste néanmoins marginale sur le reste du territoire.
Assistance et soutien autour de l'événement
(s'entend aussi bien auprès des populations que des intervenants) Les services de secours publics ont, de par leur emploi habituel, un rôle fondamental dans la prise en charge des blessés. Pendant longtemps toute l'attention des secours a été focalisée sur les personnes blessées. Depuis quelques années on s'intéresse de plus en plus à la prise en charge des personnes dites "impliquées, non blessées".
Les associations de secourisme ont donc décidé de se charger plus précisément de cet aspect d'une catastrophe. Il s'agit à court terme de pouvoir proposer rapidement un café, un toit, une couverture, mais aussi un sourire et une oreille attentive. A plus long terme il s'agit d'assurer l'hébergement temporaire des impliqués ou des sinistrés, de les nourrir etc.
La prise en charge des Urgences Médico-psychologiques
Dans un même ordre idée, depuis quelques années, les secours se sont intéressés à ce que l'on appelle désormais les UMP (Urgences Médico-psychologique). Leur prise en charge immédiate est de plus en plus fréquemment confiée aux associatifs. De nombreux accords locaux prévoient que les associations de secourisme travaillent en étroite collaboration avec les Cellules d'Urgences Médico-psychologique. Certaines mauvaises langes diront que cela règle deux problèmes qui se posent sur les plans de catastrophe, à savoir "Que faire des secouristes associatifs ?" et "Que faire de UMP ?". Il est vrai que les secouristes associatifs sont davantage formés et expérimentés en secours à victimes plutôt qu'en soutien psychologique mais la volonté des associations est d'inverser cette tendance.
Quatre avantages au fait de confier ces missions aux associatifs :
d'une part parce que les pouvoirs publics préfèrent savoir les bénévoles "en zone sûre"
ensuite parce que cela demande une organisation logistique importante que maîtrise les associatifs.
troisième aspect et non des moindres, personne avant que les associatifs ne s'octroient ce rôle ne l'assumait réellement.
enfin, les associatifs savent et peuvent à moyen terme mobiliser beaucoup de "bras" et de "bonnes volontés"
Ainsi le rôle des associatifs est désormais primordial et trouve parfaitement sa place et sa justification dans l'organisation des secours. Les responsables locaux et les élus doivent prendre en compte le fait que les secouristes des associations sont nombreux, disponibles, organisés, hiérarchisés et efficaces. Ils disposent de leur propre réseau de radiocommunication les rendant entièrement indépendantes. Et sont généralement appuyés par de gros moyens logistiques.
L'engagement des secours lors d'une catastrophe est toujours différent d'une fois sur l'autre. Plus le nombre de blessés est important, plus les services publics (SDIS et SAMU) sont sollicités. Par contre dès lors que le nombre "d'impliqués non blessés" devient important le rôle des associatifs devient incontournable.
Enfin, il apparaît de grandes disparités selon les départements. L'implication des associations de secourisme est généralement envisagée localement en fonction des capacités des associations et de leurs moyens. Cette collaboration doit être planifiée et expérimentée lors d'exercices (manouvres).
Voir aussi cet article complet sur le plan rouge sur le site secourisme.net